De superbes cessions londoniennes pour Christie’s et Sotheby’s

[06/03/2017]

La saison londonienne a bien, très bien commencé pour Christie’s. Le 28 février dernier, deux ventes consécutives, celle d’art impressionniste et moderne ainsi que celle consacrée au Surréalisme ont emporté toute l’adhésion des collectionneurs, des collectionneurs au passage issus du monde entier, avec 39 nationalités enregistrées côté enchérisseurs… 95% des lots impressionnistes et modernes se sont vendus, un taux de réussite impressionnant suivi par 98% des lots surréalistes au catalogue vendus quelques heures plus tard. Le succès est immense, pour un produit de ventes combiné de 136,8m£ sur la journée, soit 169,9m$.

Des œuvres signées Kees van Dongen, Raoul Dufy, Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir ou Félix Vallotton, toutes vendues au-dessus de leurs estimations, et un nouveau record mondial pour René MAGRITTE (1898-1967), avec “La corde sensible”, une toile peinte en 1960, achetée pour 14,4m£ (soit 17,9m$) ajoutant 5m$ au précédent record absolu de l’artiste. Une autre oeuvre, Le domaine d’Arnheim, plante le quatrième meilleur résultat mondial de l’artiste, à 10,245,m£ (12,724m$). Le prix des oeuvres Magritte affiche une progression extrêmement soutenue : 100$ investis en 2000 dans l’une de ses oeuvres valent en moyenne 434$ aujourd’hui.

Le Surréalisme emporte plus que jamais l’adhésion des collectionneurs et se trouve en pleine revalorisation. Les résultats de l’an dernier l’annonçait déjà, avec le record mondial du surréaliste belge Paul DELVAUX (1897-1994), dont la peinture Le miroir, vendue pour 10,5m$ le 3 février 2016 (Sotheby’s Londres) affiche une valeur multipliée par deux en moins de 20 ans (Christie’s Londres, 8 décembre 1999). Le 28 février toujours, une superbe toile de Delvaux, Le village des sirènes, passait allègrement son estimation haute pour finir à 3,077 m£, soit 3,824m$, s’inscrivant dans le Top 10 enchères de l’artiste.

Le clou de cette journée de vacation fut la vente d’un superbe Paul GAUGUIN (1848-1903)Te Fare (La maison, 1892), réalisé au cours de la première période tahitienne de l’artiste. Cette toile se vendait un peu plus de 9m$ en 1991 à Paris sous le marteau de la société Ader-Tajan, avant de rejoindre la collection du milliardaire Russe Dmitry Rybolovlev au terme d’une transaction privée. A l’époque, l’homme d’affaires déboursait 85m$ pour cette œuvre (source Katya Kazakina, Russian Billionaire Takes 74% Loss on $85 Million Gauguin, Bloomberg, le 28 février 2017)… il perd 60 m$ sur la revente de cette œuvre, cédée 20,325m£ (25,243m$), au top de l’estimation, le 28 février.

Le succès de ces ventes londoniennes ne s’arrête pas à Christie’s, loin de là. La société concurrente Sotheby’s faisait mieux encore le 1er mars 2017 lors de ses propres cessions impressionniste, moderne et surréaliste. Le produit de ventes enregistré du côté de Sotheby’s affiche 194,8 m£, soit un résultat historique représentant leur meilleure cession londonienne ! L’oeuvre la plus attendue de toutes était un magnifique paysage fleuri de Gustav KLIMT (1862-1918), intitulé Bauerngarten et mis en vente par David Graham, un collectionneur canadien basé à Londres. Cet absolu chef-d’oeuvre fut adjugé par le passé pour 5,3 m$ (en novembre 1994) dans le cadre d’une importante cession de ventes de Christie’s à Londres. Depuis, sa valeur s’est vue décuplée, avec un prix révisé à 48 m£, soit 59,3m$ le 1er mars 2017. Entre ces deux ventes, Klimt est devenu l’un des artistes les plus chers au monde, fort d’un record à hauteur de 87,9 m$ plantés pour le Portrait de Adele Bloch-Bauer II, en novembre 2006 chez Christie’s à New York. Sotheby’s vendait aussi un très beau Gauguin de 1896, Te Arii Vahine – La femme aux mangos, pour 8,37m£ ; une toile forte eaux formes anguleuses de Picasso, Plant de Tomates (1944) pour 17m£ ; et un Modigliani, Portrait de Baranowski (1918), pour 16m£.

Des enchérisseurs déterminés et confiants issus de cinq continents, une augmentation notable des participants asiatiques sur les meilleurs signatures de l’art impressionniste et moderne… ces ventes du premier trimestre témoignent d’un appétit fort pour les meilleures signatures de l’art occidental et confirment la tendance de l’an dernier, où le volume de transactions n’a jamais été aussi élevé en Occident.